L’exposition Amazônia s'ouvre au Quai Branly, porteuse d’une esthétique spécifique et d’une vision du monde originale. Cette connaissance artistique d'un monde extraordinaire s’étend également aux arts immatériels : chants, récits oraux, danses, peintures corporelles, pratiques éphémères mais essentielles, qui manifestent la créativité et la vitalité des cultures amazoniennes.
Bien avant que la forêt tropicale humide ne prenne la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, des populations y vivaient déjà depuis au moins neuf millénaires. Les êtres humains et leur environnement ont co-évolué, façonnant les humains et la forêt au fil du temps grâce à des savoirs horticoles et à une gestion subtile de la diversité.
Loin d’être une nature « vierge », l’Amazonie apparaît ainsi comme un milieu travaillé, transformé et entretenu par les peuples autochtones qui l’habitent.
Cette vitalité s’illustre aussi dans la conception même de l’être humain. En Amazonie, « devenir humain » n’est pas une donnée immédiate mais un processus de longue haleine dans l'immense forêt. La naissance n’est que le point de départ d’un cheminement social et rituel qui fabrique de « vraies personnes » au fil du temps.
Les cérémonies de nomination, les rites de passage, l’intégration dans des réseaux de parenté, les pratiques chamaniques ou encore les relations avec des entités « autres-qu’humaines » (animaux,esprits invisibles, défunts, divinités) participent tous de ce travail permanent d’humanisation. L’humanité y est donc comprise non comme un état biologique donné, mais comme une qualité relationnelle qui s’acquiert et se cultive au contact de la tradition.
Du point de vue amazonien, le monde est peuplé d’innombrables « êtres-autres-qu’humains » : animaux, plantes, esprits, revenants, ennemis, phénomènes météorologiques… Tous peuvent être dotés de personnalité, agir de manière consciente et partager une culture propre. La notion de « personne » ne se limite donc pas aux humains : elle s’étend à un vaste réseau d’entités capables d’agir et de penser. Cette conception élargie invite à repenser les frontières que nous traçons habituellement entre nature et culture.
Les savoirs amazoniens témoignent d’une profonde capacité d’exploration et d’adaptation. Elle repose sur une observation minutieuse et sur l’expérimentation empirique. Les peuples autochtones scrutent avec précision les interactions entre plantes, animaux et l'environnement, révélant des relations souvent invisibles aux yeux des chercheurs occidentaux.
Mais leurs connaissances mobilisent aussi d’autres formes de savoir, issues des rêves, des visions ou des expériences chamaniques.
Amazônia nous propose de repenser nos manières de regarder, d’interpréter et de concevoir la relation entre nature, culture et futur.
Exposition au musée du Quai Branly du 30 septembre 2025 au 18 janvier 2026
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