Louis-Ferdinand Céline, d’un Paris l’autre chez Parigramme

De la galerie marchande du Palais-Royal à la maison de Meudon, David Labreure revisite le parcours parisien de Louis-Ferdinand Céline, épouse les secousses de son existence et les métamorphoses du XXᵉ siècle. Son Paris n’est pas celui des avenues triomphantes mais celui des ruelles, des arrière-cours, des faubourgs populaires, où la misère est souvent présente. Chaque adresse, chaque quartier traversé devient un jalon de son œuvre et de sa légende, Céline a inscrit son œuvre dans la géographie parisienne.

Louis-Ferdinand Céline, d’un Paris l’autre chez Parigramme

 

Palais-Royal et passage Choiseul : l’enfance de Céline à Paris

Louis-Ferdinand Céline naît en 1894 au passage Choiseul, dans le quartier du Palais-Royal à Paris. Ses parents y tiennent une modeste boutique de nouveautés. Dans cette galerie sombre, à l’ombre des arcades et des petits commerces, il grandit dans une atmosphère de petite bourgeoisie laborieuse. Céline décrira plus tard cette enfance corsetée, faite de contraintes et d’austérité, avec une ironie cruelle dans son roman Mort à crédit. Pour qui suit un itinéraire parisien sur Céline, le passage Choiseul reste une adresse fondatrice, à la fois souvenir intime et décor littéraire.

Montmartre : bohème littéraire et désillusions

À partir des années 1920, Céline habite Montmartre : d’abord rue Lepic, puis rue Girardon, non loin du célèbre Moulin de la Galette. Ce Montmartre de l’époque, quartier de peintres, de cabarets et de bals populaires, est pour lui un lieu d’observation privilégié. Céline y découvre à la fois le charme pittoresque de la bohème parisienne et la désillusion des existences pauvres, enfermées dans de petites chambres. Les cafés, les escaliers et les ruelles de la Butte deviennent des décors familiers qu’il transpose dans ses romans avec une verve rageuse. Pour Céline, Montmartre est donc à la fois un espace poétique et un miroir de la misère.

Clichy et Courbevoie : Céline, le médecin des pauvres

Dans les années 1920 et 1930, Céline s’installe à Clichy (rue de l’Armorique puis boulevard du Général-Leclerc) et exerce comme médecin dans un dispensaire municipal. Là, il soigne les ouvriers, les immigrés, les familles précaires et les femmes démunies. Cette expérience nourrit son regard cru sur la société et donne une profondeur réaliste à son style. Dans ses deux grands romans, Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, on trouve un matériau humain brut : la souffrance des corps, les vies usées par le travail et la pauvreté. Clichy représente la période où il fut véritablement « médecin des pauvres ».

Montparnasse et l’avant-garde littéraire

Après le succès retentissant de Voyage au bout de la nuit en 1932, Céline fréquente Montparnasse, ses cafés, ses brasseries et ses cercles littéraires. Mais contrairement à beaucoup d’écrivains de son temps, il reste en marge des cénacles officiels, cultivant sa différence et sa provocation. Dans le Paris de l’entre-deux-guerres, Montparnasse représente pour lui moins un lieu d’appartenance qu’un théâtre où il observe, critique et s’impose comme une voix singulière. 

Les années sombres : Montmartre, la collaboration et l’exil

Durant l’Occupation, Céline vit à Montmartre, rue Girardon. Mais ce Montmartre n’est plus celui des bals et de la bohème : il devient le refuge d’un écrivain amer, reclus, marqué par ses pamphlets polémiques. Paris est une ville d’effondrement, où dominent haine, peur, isolement et marché noir. Après la Libération, poursuivi pour collaboration active intellectuelle, Céline prend la fuite et ne retrouvera la capitale qu’à son retour d’exil au début des années 1950.

Meudon : le dernier refuge de Céline

De retour en France, Céline s’installe à Meudon, au 25 route des Gardes. Ce n’est plus Paris mais une maison sur les hauteurs, avec vue sur la Seine et la capitale au loin. Dans ce « fortin », il vit avec son épouse Lucette et ses animaux, tout en poursuivant son œuvre. C’est à Meudon qu’il rédige ses derniers grands romans : D’un château l’autre, Nord et Rigodon. Cette demeure, mi-prison mi-sanctuaire, symbolise le dernier chapitre du parcours de Céline à Paris, où l’écrivain maudit sculpte sa légende jusqu’à sa mort.

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