Le Musée des Arts décoratifs consacre sa première grande monographie à Paul Poiret (1879-1944), surnommé « L'inimitable ». Il est considéré comme un « libérateur du corps féminin » pour avoir osé supprimer le corset dans ses productions pour la garde-robe féminine, mais cette exposition montre que sa réputation va bien au-delà. Paul Poiret fut un visionnaire de la mode, alliant couture, arts et vie mondaine. Innovateur dans les formes, les couleurs et les collaborations artistiques, il a bouleversé les codes de son époque et inspiré durablement la mode contemporaine.
À en croire Christian Dior, « Poiret vint et bouleversa tout ». Formé chez Jacques Doucet (1898), puis chez Worth (1901), il ouvre sa propre maison de couture en 1903 et rompt très tôt avec la silhouette féminine corsetée en S : il propose un corps libre, en mouvement, aux formes géométriques simples. Ses créations sont emblématiques : robe du soir Joséphine (1907), taille haute inspirée du Directoire, ou utilisation de tissus légers, de couleurs vives proches du fauvisme. Avec Madeleine Vionnet, Paul Poiret est représentatif de l’avant-garde de la belle époque.
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Le couturier parisien a une clientèle aisée et cultivée, avide de nouveautés et s’entoure d’artistes novateurs. Il collabore avec des artistes comme Vlaminck, Derain, Van Dongen, Raoul Dufy (exemple du manteau La Perse, 1911), confie sa maison à l’architecte Louis Süe, s’inspire des fameux Ballets Russes de Diaghilev (1909), habille la danseuse Isadora Duncan et fréquente la collectionneuse Peggy Guggenheim dans son cercle cosmopolite du Tout-Paris. Lui même orchestre son insatiable fantaisie. « Je suis un artiste, pas un couturier » , disait-il.
Dans ses réalisations, Il s’inspire également de l’exotisme international : Europe, Asie, Maghreb ou d’expériences artistiques, culinaires (il publie en 1928 un recueil de recettes), olfactives. Des fêtes spectaculaires assurent sa célébrité (Les Festes de Bacchus 1912, La Mille et deuxième Nuit 1911) ou l’Exposition Internationale des Arts décoratifs de 1925 pour laquelle il offre une présentation fastueuse, et ruineuse, sur trois péniches sous le pont Alexandre III (Amours,Délices & Orgues). Il sera également le premier à associer sa société avec la production de parfums (1911 Rosine, nom de l’une de ses filles) alors que la parfumerie était jusqu’ici une industrie séparée de la mode. La maison Martine (nom d'une autre de ses filles) commercialise des articles à la mode : tissus d'ameublement, tapis, paravents, mobilier, papiers peints et pantins ! « L'inimitable » monte même sur scène en 1927 grâce à Colette Willy .
Hélas, les dépenses excessives liées à son train de vie boulimique et à ses sociétés variées, plus ou moins bien gérées, causeront sa perte dès la fin des années folles au profit d’autres pionnières célèbres de la mode comme Elsa Schiaparelli, qui le comparait à Léonard de Vinci ! ou Coco Chanel, sa redoutable adversaire. Il ferme en 1932. Cet homme aux multiples talents produira une influence durable sur des créateurs de la mode moderne comme Christian Dior, John Galliano, Christian Lacroix ou Yves Saint Laurent.
Paul Poiret, la mode est une fête du 25 juin 2025 au 11 janvier 2026 au musée des Arts Décoratifs
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