Aristide Maillol au musée d'Orsay

Le musée d'Orsay propose une superbe exposition consacrée à Aristide Maillol. Le catalan nous éblouit par ses statues plantureuses, ses corps itératifs, ses volumes et son classicisme éternel. Cependant, pour ne pas réduire le catalan aux corps féminins, critique trop souvent formulée, le parcours met aussi l'accent sur ses liens avec Maurice Denis, Édouard Vuillard et Auguste Rodin tout au long de sa carrière.

Aristide Maillol au musée d'Orsay

L'art de Maillol instaure un nouveau classicisme et inscrit ses corps féminins, à l’anatomie charpentée et sensuelle, dans des formes géométriques simples. Il cherche les chemins de la perfection formelle.

 

Méditerranée. A.Maillol. 1927. Marbre. musée d'Orsay
Méditerranée. A.Maillol. 1927. Marbre. musée d'Orsay

Le sculpteur réalise Méditerranée en prenant pour modèle sa femme Clotilde. Les formes sont pleines et lisses, et la pose, simple. Il met plusieurs années à finaliser cette œuvre géométrique : trois triangles, formés par les bras et les jambes, et une forme repliée qui tiendrait dans un cube. L’exposition présente un face-à-face inédit avec la première Méditerranée , réalisée en pierre pour son mécène : le comte Kessler. On notera aussi l'éloignement d'un expressionnisme sensible, comme par exemple celui de Rodin.

 

Femme à l'ombrelle. 1892. A.Maillol. Musée d'Orsay
Femme à l'ombrelle. 1892. A.Maillol. Musée d'Orsay
 

Mal connue, une première partie de sa carrière, au cours de laquelle il tisse des liens étroits avec les Nabis, montre un artiste désireux de retrouver les principes du décor mural. Loin de tout effet superflu, Maillol réalise avec la femme à l'ombrelle son chef d’œuvre plein d'impressionnisme.

 

Pomone ( l'Automne) .A.Maillol. 1922. Prague Narodni Galerie
Pomone ( l'Automne) .A.Maillol. 1922. Prague Narodni Galerie

en 1910, Maillol reçoit de la part d'un grand collectionneur russe la commande d'un ensemble de structures évoquant les quatre saisons. L'Automne prend la forme d'une femme au corps généreux, aux cuisses larges et aux mains ouvertes, offrant des pommes.

 

Flore, l'été. A.Maillol. 1916. Kunst Museum Winterthur accompagnée du printemps et de l'hiver
Flore, l'été. A.Maillol. 1916. Kunst Museum Winterthur accompagnée du printemps et de l'hiver

 
Monument à Cezanne. A.Maillol. 1925. Refusé par Aix.placé au Jardin des tuileries et remplacé en plomb en 1943. musée d'Orsay
Monument à Cézanne. A.Maillol. 1925. Refusé par Aix.placé au Jardin des tuileries et remplacé en plomb en 1943. musée d'Orsay

A la suite du décès du peintre Paul Cézanne en 1906, le projet d'ériger dans sa ville natale d'Aix en Provence un monument en son honneur émerge autour de son marchand Ambroise Vollard. Maillol s'impose pour le réaliser. Il choisit de glorifier l'homme par une allégorie féminine. Il conçoit une longue fille effilée, en forme de barque, prête à être saisie par les bras d'un géant qui la jetterait dans la mer, où elle glisserait comme une pirogue blanche. Le rapport à Cézanne est assez éloigné pour être souligné par de nombreux contemporains, dont Maurice Denis. Refusée par la ville d'Aix, elle est installée dans le jardin des Tuileries après de nombreuses  péripéties, puis elle sert de base  au monument aux morts de Port-Vendres ainsi qu'à l'Air, sculpture visible également dans le jardin des Tuileries. 

 

L'Air.. A.Maillol. 1939. Pierre. Hommage aux pilotes de laligne France-Amerique du Sud inauguré à Toulouse.
L'Air.. A.Maillol. 1939. Pierre. Hommage aux pilotes de la ligne France-Amerique du Sud inauguré à Toulouse.


Comme pour "l'Air" contemporain, Maillol recycle une œuvre antérieure pour le projet de monument à Henri Barbusse. Il exprime les malheurs de la guerre : le "feu" de l'écrivain pacifiste, dans la chute. Le sujet étant sensible et propice à "des chahuts ou des grimaces" selon Maillol lui-même,  il la rebaptise "la Rivière". Elle est aujourd'hui visible en bronze au jardin des Tuileries.


La Riviere. 1943. A.Maillol. Plâtre. Fondation Vierny
La Rivière. 1943. A.Maillol. Plâtre. Fondation Vierny


Considéré comme le chef de file de la sculpture française, Maillol est mis à l’honneur par le gouvernement de Vichy. S’il ne s’intéresse pas à la politique, il est profondément germanophile : les Allemands ont été ses premiers mécènes dès le tout début du siècle. Pendant la guerre, il reçoit ceux qui se présentent à son atelier de Banyuls, où il se retire pendant le conflit. Il accepte de revenir à Paris en 1942 pour l’inauguration de l’exposition consacrée à Arno Breker, le sculpteur officiel du III e Reich. Sa réputation est entachée par ce voyage. Il est implicitement réhabilité par André Malraux et grâce à l’action de Dina Vierny, son dernier modèle et héritière : on doit à leurs initiatives l’ensemble des jardins du Carrousel.

 

Aristide Maillol et Dina Vierny
Aristide Maillol et Dina Vierny

 

A voir au musée d'Orsay jusqu'au 17 juillet 2022.


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Visite à Paris - Guide Conférencier
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