• Roman d’une garde-robe, le chic d’une Parisienne de la Belle Époque aux années 30

    Le Palais Galliera organise cette exposition “hors-les-murs” au musée d’Histoire de la ville de Paris. Une garde-robe de plusieurs centaines de pièces et accessoires qui nous ouvrent les portes de la haute-couture parisienne de 1830 à 1930.  Le musée de la Mode signe à nouveau une superbe exposition sur la naissance du mythe de la parisienne et l’activité des beaux quartiers à travers les souvenirs d’une première vendeuse de maison de couture, dont les tenues, pieusement conservées, les photographies et les témoignages rythment la scénographie !

    Roman d’une garde-robe, le chic d’une Parisienne de la Belle Époque aux années 30

    H. Bocklage, Alice Alleaume, vers 1912.La vedette de l’exposition est Alice Alleaume, (1881-1969) qui travailla chez Cheruit de 1912 à 1923  au 21, place Vendôme, l’enseigne est aujourd’hui celle d’Elsa Schiaparelli. L’établissement voisine les maisons prestigieuses de la rue de la Paix, comme Jacques Doucet, Mme Paquin ou les sœurs Callot. La maison fut fondée par Madeleine Cheruit en 1900 dans ce quartier qui donnera à Paris sa réputation de “ville chic” dans le monde entier et qui attirait les femmes les plus élégantes.
    Comme première vendeuse, Alice participe à la renommée de l’établissement et reçoit une riche clientèle française et étrangère pour laquelle Paris est la capitale incontestable de la mode et du bon goût. Des reines, des princesses et des personnalités prestigieuses fréquentent le salon et elle note sur ses carnets le détail de son travail, ses commentaires sur la visite : telle cliente était pressée, telle autre reviendra, une telle se recommande d’une telle, ainsi que certains détails vestimentaires ou leurs préférences…
    La liste de ses clientes est exposée dans la galerie ainsi que ses carnets de vente, pièces authentiques et rares qui attestent de l’activité prestigieuse de la boutique.

    Chéruit, ensemble, 1921-1922.Chez ces grands couturiers, on fait du “sur mesure” et l’offre s’adapte aux désirs des clientes : la coupe est empruntée aux modèles du catalogue, quelquefois sur croquis et la longueur, le tissu et même les coloris sont modifiés en conséquence. La mère d’Alice est « couturière en robes » et sa sœur : Hortense elle-même première vendeuse chez Worth : 7, rue de la Paix où elle côtoie Paul Poiret, encore à ses débuts entre 1901 et 1903. Charles-Frederick Worth est le fondateur de la haute couture. Installé rue de la Paix depuis 1857, il reprend ou invente beaucoup de concepts nouveaux : le salon, la griffe, les mannequins, les collections renouvelées plusieurs fois par an. Il combine les différents éléments constituant la robe, tissus et accessoires compris. L’impératrice Eugénie elle-même participera à la promotion du couturier et contribuera à la réputation du quartier.


    Jean Béraud, La sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix, vers 1902. Huile sur bois.Une section ainsi que des vidéos évoquent l’activité de la place Vendôme jusqu’aux années 1930 ainsi que le rôle joué par la mode et le savoir-faire parisien dans les expositions universelles de 1900 et 1925. Une toile de Jean Béraud de 1902 montre la sortie des ouvrières, les midinettes, de la maison Paquin, rue de la Paix également et dans un diaporama on se régale de l’ironie avec laquelle le caricaturiste Sem fustige certains couturiers de circonstance qu’il oppose à ces grandes maisons : « le vrai et le faux chic ».

    Robe d'Hortense et d'Alice (c) Radio FranceAlice affirmait elle-même son élégance avec goût. Elle est cliente des plus grandes modistes parisiennes : Alphonsine (15, rue de la Paix ) Marcelle Demay ( 11, rue Royale ), sa garde-robe personnelle, précieusement conservée est datée du milieu des années 1920, l’année de son record de ventes : elle a conservé un exceptionnel ensemble de l’hiver 1921-1922, des robes du soir, pyjamas d’intérieur, corsages, chapeaux, bandeaux du soir, le sac porté le jour de son mariage qui est visible sur une photographie de la cérémonie. Alice épouse un banquier en 1911, à trente ans. Elle avait coiffé Sainte-Catherine cinq ans auparavant et en a gardé le souvenir qui est visible dans l’exposition. 

    Robe du soir (non griffée), début XXème siècle.Elle quitte ensuite le milieu professionnel de la mode, au cours des années 1930, pour diriger un Cinéma. Durant ces années-là, elle adopte les longues robes à traine caractéristiques de l’époque, mais toujours avec une certaine originalité : des coupes extrêmement modernes comme cette robe noire aux poignets terminés par une fermeture à glissière. Les accessoires et les bijoux fantaisies sont d’inspiration Art-Déco. Plusieurs modèles du soir portent la griffe Jeanne Lanvin, illustre maison qui existe encore au 22, rue du faubourg Saint-Honoré. D’autres témoignages montrent qu’elle est invitée à la comédie des Champs-Elysées et au théâtre des Capucines lors de l’exposition internationale de 1937, un évènement dont les soirées furent le prétexte à un déferlement d’élégance à Paris.

    D.L

    Un grand merci à Christian Gros pour sa visite guidée dans le cadre de la soirée Facebook avec le Groupe SMV. 
    Jusqu’au 16 mars 2014 23, rue de Sévigné

    75003 Paris
    http://www.carnavalet.paris.fr


    Exposition Roman d'une Garde-Robe par paris_musees


    La Fabrique de l’Histoire au sujet de l’exposition



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