• Aquarelles de châteaux et demeures disparus de Paris et de l’Ile-de-France




    Christian Benilan, architecte des bâtiments de France, propose sur son site une collection étonnante de belles aquarelles sur les châteaux et demeures disparus de l’Ile-de-France. Hommage sincère à l’architecture classique et à ces lieux prestigieux, souvent cités, mais dont on se demande bien à quoi ils pouvaient ressembler. Je pense, par exemple, à ces hôtels qui bordaient les Tuileries avant la construction de la rue de Rivoli ou la fameuse chaumière de Madame Tallien qui se trouvait sur notre avenue Montaigne…

    Hotel des Condé vers 1680Au XVIIIe siècle, Paris avait une physionomie bien différente d’aujourd’hui, puisque plus de 50 % de la superficie concernait des édifices religieux et pour le reste, on estime approximativement à 2.000 le nombre d’hôtels particuliers dont beaucoup furent transformés en lotissements à ce moment-là, à l’exemple de l’Hôtel des Condé qui se trouvait au carrefour de l’Odéon. Il en reste encore 400, dont beaucoup d’ambassades dans le faubourg Saint-Germain, mais nous ne possédons que peu d’images des autres merveilles disparues pour cause de vandalisme, de spéculation immobilière ou simplement la ruine de leur propriétaire.

    Les représentations ne couvrent pas uniquement Paris et on trouvera aussi de nombreuses aquarelles d’habitations prestigieuses d’Ile-de-France comme Château de Beauté-sur-Marne, vers 1550, le Château du Raincy, vers 1660, Celui de Marly, la grotte du primatice à Meudon et beaucoup d’autres. Une fantastique collection à la mesure de la quantité d’espaces disparus, ce qui souligne l’importance des destructions effectuées depuis deux siècles.


    « C’est à cet exercice de redécouverte de domaines disparus qui, à des titres divers, ont joué un rôle important dans l’Histoire de France, que s’est livré Christian Bénilan. En fouillant les archives et en étudiant les gravures d’époque ou les photographies anciennes, il a été étonné par le nombre de châteaux ou « folies » aujourd’hui disparus. Délaissant pour un temps les outils informatiques et les compte-rendus administratifs, la bonne idée de cet architecte-poète fut de traduire par le dessin et l’aquarelle la sensibilité des lieux, tout en s’appuyant sur des documents de référence suffisamment précis. Lorsque ces derniers faisaient défaut, il a accordé une attention particulière au rôle du paysage et des jardins traités alors à part égale avec l’architecture et dans le respect des essences d’arbres d’une époque choisie. »
    Hotel de Soissons de la reine Catherine de Medicis vers 1650Ce travail impressionnant met en forme les plus illustres hôtels particuliers parisiens, fréquemment cités dans la littérature à toutes les époques ou dont il est question au cours des promenades dans le vieux Paris. Ainsi, l’hôtel de Vendôme, sur la place du même nom, ou le fameux Bretonvilliers dont il ne reste qu’un modeste porche au bout de l’île Saint-Louis. J’ai noté également des lieux chargés d’histoire, comme l’Hôtel des Noailles, aux Tuileries ; celui de Beaumarchais à la Bastille ou encore la folie de Chartres au parc Monceau. Méritent également l’attention : la folie Neufbourg où Rodin travailla avec Camille Claudel, rue du chant de l’alouette ; l’Hôtel de Soissons que Catherine de Médicis préféra aux Tuileries, dont il ne reste que l’observatoire astronomique, collé à la bourse du commerce aux Halles ; l’Hôtel de Nevers avec sa tour de Nesles où eurent lieu les fameuses “réceptions” de Marguerite de Bourgogne ; l’Hôtel de Bourbon-Lassay devenu notre assemblée nationale etc. 

    Hotel Radix de Sainte Foye vers 1780J’ai également savouré avec intérêt les aquarelles des différentes propriétés des Orléans, rue Saint-Honoré, rue de Bellechasse ou à Neuilly tout comme cette représentation du fameux château de Radix de Sainte-Foix qui précédait l’Opéra Garnier, dont le propriétaire possédait également un château à Neuilly et fut un personnage au destin peu commun puisqu’un des rares à être gracié par le tribunal révolutionnaire... 

    Complément indispensable, une carte permet de les situer dans le Paris actuel.
    Au cours du voyage sur ce site, vous trouverez également des photos intéressantes, édifiantes et “sans commentaires” de ces mêmes lieux, aujourd’hui.
    Sauf erreur, le Marais ne semble pas encore couvert. J’espère avoir l’occasion d’assister bientôt à une de ses expositions, certainement très singulière, car l’auteur
    mérite de voir son travail largement diffusé. Une contribution audacieuse à la conservation de la mémoire de ces chefs-d’œuvres disparus, qui reprennent vie de son pinceau sous une forme originale.

                                   http://christianbenilan.wifeo.com
    L’ensemble a fait l’objet en 2002 d’un premier ouvrage : « Mémoire en aquarelles » publié chez Hartmann Editions, puis d’un « Paris Autrefois : Les merveilles disparues » en 2006 chez Massin.



    Actualité : Une nouvelle exposition concernant les travaux de C.Benilan , historien du paysage, aura lieu d’avril à juillet 2013 à Ajaccio, maison Bonaparte.
    Les Maisons des Bonaparte à Paris (1795-1804)
    Affiche exposition Ajaccio de C.Benilan