• Exposition “Paris en chansons” à la Galerie des bibliothèques.


    Un hommage à la chanson sur Paris, c’est bien évidemment un rendez-vous que je ne pouvais pas manquer. J’ai d’ailleurs été très surpris d’apprendre que cela ne s’était jamais fait auparavant. Cette exposition, organisée par la mairie de Paris, répare brillamment cet oubli et y met les moyens puisqu’elle présente des parcours visuels et auditifs en scopitones et casques lourds d’une excellente qualité avec de nombreuses archives de l’INA.

    Des chansons sur Paris, il y en a évidemment des milliers. Chacun de nous a ses airs préférés et s’attend à les entendre. Vous aurez probablement cette chance car il y a près de 2000 chansons au répertoire, dont beaucoup passent en bruit de fond tout au long du parcours. Mais c’est surtout l’occasion de faire connaissance avec des noms plus ou moins connus, plus ou moins oubliés. Je pense avoir assez bien à l’oreille les chansons récentes,  mais beaucoup moins les anciennes, ce fut pour moi l’occasion de les découvrir…







    On ne remonte pas à Béranger, la première salle est dédiée à Aristide Bruant, fondateur du genre,  qui donna ses lettres de noblesse au populaire stylé argot et genre “crapule”. On entend une surprenante Mistigri dans “Nini peau d'chien  (1889). C’est le Paris sauvage de l’époque : St Lazare, Glacière, La Villette, Belleville, Bastille, Grenelle, Batignolles, des textes chantés par Mouloudji, Patachou ou Monique Morelli. Dans la cartographie de Bruant, c’est le Paris des barrières, des fortifs, de la java et des petits cabarets à quat’sous la piche ou du bal des apaches. On a encore la commune à la bouche et l’odeur de poudre d’après l’annexion des villages. Quand on aime, c’est bien sûr un julôt.
    L’étape suivante est celle des quartiers stars d’un Paris en image d’Epinal : Montmartre de la Belle époque (la complainte de la butte), une salle spéciale est consacrée à la Mistinguett avec sa robe et son masque de revue, Pigalle entre les deux guerres, Maurice le chevalier de Ménilmontant, Piaf de Belleville,
    Bien sûr le
    Trenet de la romance de Paris, Saint-Germain-des-Près des années 1950 et 1960 avec le mythe Gréco et Léo Ferré (Paname). Mick Micheyl et son rafraichissant “gamin de Paris”,
    Montand et ses boulevards, Dutronc du Paris qui s’éveille, Joe Dassin et son jardin du Luxembourg, j’en oublie. Vous voyez, il y a de quoi faire, . C’est le règne du music-all et des modes mi-intello, mi-revue, un style touristique et romantique bien différent de l’époque précédente. Une expo admirable mais avec de grands absents : Mireille Mathieu (ponts de Paris), Charles Aznavour (A Paris au mois d’Aout) : c’est énorme, mais il faudrait un musée pour la chanson de Paris et pas une exposition temporaire de quelques salles.

    Je regrette aussi l’espace bien trop réduit consacré à l’époque récente, qui a pourtant donné des auteurs considérables et des chansons qui n’ont rien à envier à leurs ainées. Je pense à Souchon (rive gauche) Lavoine (Paris) à Louise Attack (les soirées parisiennes), Yves Simon, Etienne Daho, aux Garçons Bouchers, à Mano Solo, etc. problèmes de droits d’auteur ? de droits TV ? difficultés à considérer l’époque récente comme digne d’intérêt ? Je ne sais pas. Trop frais ? faut-il perpétuellement mettre Joséphine Baker sur les affiches ? On ne sait pas les mélodies qui resteront dans les mémoires du futur, mais certaines sont bel et bien là, autour de nous.

    Je pense surtout à Renaud Séchan, accroché sur un mur :


                        "Moi j’suis amoureux de Paname
                         Du béton et du macadam
                         Sous les pavés, ouais, c’est la plage,
                         Le bitume c’est mon paysage”


    Eh oui, mais ce n’est pas terminé, et c’est bien trop court, tu ne nous as jamais fait une très grande chanson sur Paris. Ce pourrait être, je dis ça comme ça, sur la  rue Gazan ou sur la place Coluche. Il n’est peut-être pas trop tard. Aujourd’hui, Rimbaud chanterait.

    Exposition Paris en chansons  la galerie des bibliothques
    Exposition à la galerie des bibliothèques de la Ville de Paris du 8 mars au 29 juillet 2012 . 22, rue Malher Paris 4e http://www.chansons.paris.fr/
    http://www.facebook.com/parisenchansons