Artiste tchèque de renommée internationale, Alphonse Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900 et de l’Art nouveau. Sa célébrité lui vient surtout de ses élégantes affiches de spectacle d’un style très affirmé. Mais son activité d’affichiste occulte trop souvent les autres aspects de sa production comportant aussi des peintures, des sculptures, des dessins, des décors, des objets d’art, c'est l'objet de cette exposition au musée du Luxembourg…
Né en 1860 dans la petite ville d’Ivancice, Alphonse Mucha accède à la célébrité en 1895 à Paris, avec Gismonda, sa première affiche pour Sarah Bernhardt (1844-1923), la plus grande actrice de l'époque. En tant qu'affichiste, Mucha développe un style très personnel, le “style Mucha”, caractérisé par des formes sinueuses mêlant jeunes femmes, motifs floraux et lignes ornementales, de même qu'une gamme subtile de tons pastel. Ce style incarnera bientôt le mouvement émergeant à l'époque dans les arts décoratifs, l'Art Nouveau !
Si ses affiches font sa renommée, Mucha est un artiste polyvalent : peintre, sculpteur, photographe, décorateur, il est aussi un professeur apprécié. Lors de son premier voyage aux États-Unis en 1904, il est qualifié de “plus grand artiste décoratif du monde”. Animé d’une véritable pensée politique, à l’heure du renouveau national tchèque et de l’éclatement de l’empire austro-hongrois, ses convictions politiques et humanistes l'amènent à renoncer progressivement à la veine décorative et à entreprendre des cycles de peinture d'histoire (slave), parfois de très grand format, dans un esprit militant et idéaliste.
Ainsi, autour de 1900-1910, il évolue et défend un art résolument figuratif et épique, détaché de toutes les avant-gardes européennes. Ses œuvres tardives témoignent de son rêve d'unité entre tous les peuples slaves, notamment L'Épopée slave (1912-1926), cycle composé de vingt toiles monumentales.
Cette exposition retrace la carrière de Mucha et dessine le portrait d'un artiste porté par une vision nationaliste, sociale et philosophique. Quand il meurt en 1939 après avoir été arrêté brièvement par la Gestapo à Prague, c'est un homme très engagé qui s'éteint et qui aura réussi à populariser un style historique.