• Exposition Frédéric Bazille Au musée d’Orsay

    La courte vie de Frédéric Bazille méritait bien d'être enfin honorée par une rétrospective internationale. Il réalise, avec à peine sept ans de carrière, un nombre important de chefs-d'oeuvre qui n'ont rien à envier à ceux de ses amis plus proches :  Manet, Monet, Renoir, Sisley, Degas, Cézanne, etc. Les années 1860 furent sans doute parmi les plus décisives de l'histoire de l'art…

    Frédéric Bazille Scène d'été© President and Fellows of Harvard College
    Frédéric Bazille Scène d'été © President and Fellows of Harvard College 


    C'est le fruit original d'un milieu protestant languedocien et de l'effervescente vie artistique parisienne. Sa personnalité nous est bien connue grâce à l'abondante correspondance qu'il nous a laissée. En 1862, à vingt ans, Bazille quitte Montpellier pour poursuivre ses études de médecine à Paris. À peine arrivé, il s'inscrit dans l'atelier du peintre suisse Charles Gleyre, où il fait la rencontre de Claude Monet, Auguste Renoir et Alfred Sisley. Il posera un peu plus tard pour l’immense "Déjeuner sur l'herbe" de son ami.

    Frédéric Bazille Réunion de famille © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay)
    Frédéric Bazille Réunion de famille © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay)

    En 1864, Bazille et Monet s'installent ensemble rue de Furstenberg ; en 1867, rue Visconti, c'est avec Renoir puis occasionnellement Monet et Sisley, que Bazille partage son logement. Au début de l'année 1868, il s'installe avec Renoir dans un atelier plus spacieux dans le quartier des Batignolles, alors en pleine mutation, non loin du Café Guerbois où se réunit toute l'avant-garde réaliste : Fantin-Latour, Degas, Manet, mais aussi les écrivains Zola, Astruc ou Duranty. Alors que Monet échoue à présenter ses tableaux au Salon, les siens y sont régulièrement admis.

    Des pays du Midi, chaque printemps, revient M. Bazille avec des tableaux d'été qui sont pleins de verdure, de soleil et de carrure simple - Duranty
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    Frédéric Bazille Vue de village© Musée Fabre de Montpellier
    Frédéric Bazille Vue de village© Musée Fabre de Montpellier 

    En mai 1870, Bazille quitte Paris et son nouvel atelier de la rue des Beaux-Arts pour Montpellier, où il passe son dernier été. Déçu par la réception contrastée de ses œuvres au dernier salon, il s’isole et peint "Ruth et Booz" , tiré d’un sujet de la bible et du lyrisme mystique d'un poème de Victor Hugo. Ce dernier tableau est laissé inachevé lorsqu'en août 1870, il décide de s'engager dans le conflit franco-prussien. Sur son acte d'engagement volontaire, on peut lire : « Bazille Jean Frédéric âgé de 28 ans révolus, exerçant la profession de peintre d'histoire »


    Frédéric BazilleRuth et Booz© Musée Fabre de Montpellier 

    Réel élan patriotique ou geste suicidaire ? Volonté de prouver sa valeur à ses proches et à lui-même ? divertissement ? dépression ?

    Après quelques semaines passées en Algérie dans un régiment de zouaves (on voit son costume dans l'exposition), le jeune homme rentre en France où il est envoyé au combat avec son régiment, à Besançon puis près d'Orléans, à Beaune-la-Rolande. Il y trouve la mort lors de son premier assaut le 28 novembre.

     Au même moment, Renoir est appelé dans un régiment de chasseurs, Monet s'enfuit avec sa famille à Londres, Cézanne se cache à l'Estaque. Plus tard, Degas et Manet s'engagent à Paris dans la garde nationale. En 1874, a lieu la première exposition du groupe impressionniste à Paris ; aucune oeuvre de Frédéric Bazille n'y est présentée.