• Winterhalter Portrait de cour, entre faste et élégance à Compiègne

    Dernier grand peintre de cour que l’Europe ait connu, Franz Xaver Winterhalter eut un destin exceptionnel. Né en 1805 dans une humble famille d’un petit village de la Forêt noire, il fit ses études artistiques à Munich, puis fut nommé peintre de la cour de Bade. Après un voyage d’études en Italie, il vint s’installer à Paris en 1834 et bâtit sa réputation au Salon en exposant des toiles de genre, particulièrement le Décaméron qui rencontra un immense succès en 1837 et fit de lui un peintre à la mode....





    Dès lors, les commandes se succédèrent sans relâche. À partir de 1838, le roi Louis-Philippe lui confia l’exécution d’une série de portraits de la famille d’Orléans. Ce fut sans doute par l’entremise de sa fille Louise, reine des Belges, que Winterhalter fut amené à exécuter le portrait de Léopold Ier de Belgique et à travailler pour la nièce de celui-ci, la reine Victoria. La famille royale britannique fut l’un de ses principaux commanditaires, pour lequel il exécuta plus de cent portraits. A son arrivée au pouvoir, Napoléon III fit également appel à son talent alors célèbre dans toute l’Europe. Winterhalter éclipsa rapidement ses rivaux et devint le portraitiste favori de l’impératrice Eugénie. Dans les années 1860, François-Joseph d’Autriche et son épouse Élisabeth (Sissi), la tsarine Maria Alexandrovna ou encore les Hohenzollern lui passèrent aussi commande d’effigies fastueuses.

    Portrait d'Elisabeth de Bavière (Sissi)
    Portrait d'Elisabeth de Bavière (Sissi)
    Ainsi le peintre et critique Alfred Stevens pouvait-il écrire :
    Sa spécialité est de peindre les reines et les princesses du monde entier ; on dirait qu’à toute tête auguste il faut la consécration du pinceau de Winterhalter.


    Bien que le portrait d’apparat fût un genre très codifié, Winterhalter sut varier et renouveler ses compositions, s’adaptant avec brio aux goûts de ses commanditaires. Son style brillant se caractérise par une grande liberté de touche, des effets de lumière raffinés et une certaine audace dans l’association des couleurs. Ses portraits reflètent l’image que les élites européennes souhaitaient donner d’elles-mêmes, à mi-chemin entre tradition et modernité, et mêlent des références à Van Dyck, avec l’expression des modes et de la sensibilité de son temps.

    Portrait de la duchesse de Morny, née Sophie Troubetskoï
    Portrait de la duchesse de Morny, née Sophie Troubetskoï (1863)

    Organisée avec le musée des Augustins de Fribourg-en-Brisgau et avec le Museum of Fine Arts de Houston, cette exposition bénéficie de prêts importants, notamment des collections de Sa Majesté la reine Elisabeth II d’Angleterre et du musée national du château de Versailles. Elle retrace la carrière de Winterhalter, particulièrement ses envois au Salon et les commandes des deux maisons régnantes françaises. La visite se poursuit par un parcours dans les collections du musée du Second Empire jusqu’au portrait de L’Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur, monumental chef-d’œuvre de l’artiste (affiche de l'exposition). Un espace pédagogique permettra également aux petits et aux grands de se mettre en scène à la façon des modèles de Winterhalter.


    30 septembre 2016 - 15 janvier 2017
    Palais de Compiègne, place du Général de Gaulle, 60200 Compiègne
    Commissaire : Laure Chabanne, conservateur du patrimoine, musées nationaux du palais de Compiègne