• Paris, promenades au bord de l'eau de Dominique Lesbros

    Une (re)découverte s’inscrit dans ces 12 circuits imaginés par Dominique Lesbros. Avec eux, on (re)découvre une palette trop oubliée de l’histoire de la ville, un nouveau visage de Paris. Très complet, ce guide met pour une fois en vedette cette absente de trop nombreux parcours citadin : la Seine. Haleuse de rêveries, l’auteur nous offre une nouvelle photographie prise au raz de l’eau et le promeneur avisé hésitera devant ce jugement de Pâris… La Seine est-elle toujours la mère nourricière de la ville ? Ou bien la cousine oubliée dont le souvenir revient à l’occasion de fêtes de famille ?

    Paris, promenades au bord de l'eau de Dominique Lesbros


    Le livre est riche, votre choix se portera sur la rive gauche, sur la rive droite, autour de la Cité et de l’ile Saint-Louis, voire même sur les canaux Saint-Denis, Saint-Martin ou de l’Ourcq. Le bord de l’eau n’est pas exclusif. Avant les canaux, l'eau sortait déjà des puits des maisons, plus de 3000 à Paris, de rares fontaines souvent décorées ou était transportée à dos d’homme jusqu’aux maisons. L’artifice du canal est davantage visible maintenant sans ses rives industrielles, dans son apaisement et la faiblesse de son débit. Que cachent ce silence et la lenteur des écluses du canal Saint-Martin ? Ses ponts n’existent pas, on parle de « passerelle », signe qu’on prend le temps de vivre, à l’écart de la procession de prestige des 37 ponts du grand fleuve. Les cafés et les boutiques grouillent quand la nuit tombe, car l’ombre noire n’attire personne.

    Le Quai aux fleurs
    Le Quai aux fleurs - (c) Dominique Lesbros - Parigramme

    Aussi curieux qu’improbable, l’équivalent d’un tel guide n’existait pas. Les rives parisiennes n’avaient jamais été détaillées autrement que par la poésie des flâneurs, les souvenirs d’amoureux sur les quais ou les chroniques de parisplageurs qui s’y installent l’été venu. Rives inhospitalières ou frayeurs aquatiques qui freinent le dépisteur de curiosités ? C’est vrai, le parcours n’est pas de tout repos et grande est la tentation de remonter d’un étage « avec les autres ». L’examen à la loupe conduit à ces révélations, trouvailles sincères et émotions fugaces au détour d’un pont, d’un pavé. L’auteur, qui s’y connaît, repère instantanément le « petit patrimoine parisien » : petites échelles, signes mystérieux, anneaux ferrés, plaques, grilles, boites, vieilles usines, bref : ce qui complète la parure d’élite, statues ou les enjambées de ponts prestigieux, mais aussi de nombreuses activités, professionnelles ou de loisirs. Déjà chaque nouvelle perspective vaut le coup d’œil. Pas vraiment celui de l’artiste, plutôt celui du curieux.

    Port de Billy
    Port de Billy - (c) Dominique Lesbros - Parigramme

    Les curiosités sont du côté du quai, peu sont du côté du fleuve. C’est bien dommage. Le calme de l’eau de la Seine surprend le visiteur. Il ne s’y passe rien et on pense qu’il ne s’y passera jamais rien en dehors des bateaux mouche et de quelques péniches. Cette impression de calme perpétuel va de pair avec l’uniformité : quel que soit l’endroit, la Seine est la même. Cette impression contredit, bien sûr, tant et tant de témoignages du passé. Plus de jeux à la surface de l’eau, plus d’agitation de moulins, plus de glaçons charriés par l’hiver, plus de ponts détruits par la crue, plus de crue même, quand celle-ci revenait tous les dix ans, il faut maintenant attendre cent ans, une éternité, pour qu’elle reprenne son cours du néolithique.

    Plaque Port de l'hotel de ville
    Plaque Port de l'hotel de ville - (c) Dominique Lesbros - Parigramme

    Crue 1910 plaque quai de bethune
    D’ailleurs, peut-on vraiment croire à une nouvelle crue centennale ? N’est–ce pas un jeu pour se faire peur ? L’eau grimpe haut quelquefois, mais de là à gratter les épaules du zouave, il y a une marge. Certes, on ferme les berges, et ça fait causer, mais n’est-ce pas aussi pour faire causer la Seine qu’on en évoque les dangers ? Tous les travaux réalisés en amont préviennent ses soubresauts et , en cas de fortes pluies, des champs d’épandage sont prévus pour être inondés avant de menacer les quais, et ensuite il y a les « barrages réservoirs». Soyons clair : Le record de Janvier 1910 n’est pas prêt d’être battu. Elle noiera dix villages inconnus en bordure de l’Yonne ou de la Marne avant de toucher Paris. La Seine a-t-elle encore la force qu’on lui suppose ? Pourtant, des simulations strictes se font tous les ans, pour faire comme si le risque n’était pas quasi nul... il est de 1 pour cent au plus et on parlera bientôt de crue millénale. L’important est de perpétuer le rite. Un signe qui ne trompe pas : les suicidés choisissent maintenant la Tour Eiffel ou le RER, tellement la Seine parait inoffensive, aujourd’hui Javert ne se jetterait certainement plus à l’eau sous le Pont Neuf… Pourtant, on y a mesuré 38 substances toxiques en 1989.

    Plaque Secours
    Plaque Secours - (c) Dominique Lesbros - Parigramme

    Si la Seine est d’une atonie surprenante, c’est qu’elle est canalisée depuis 1860. Les ingénieurs Chanoine et Boulé firent le nécessaire pour supprimer les hauts fonds et stabiliser son flux. La navigation est plus facile et les bateaux sont plus nombreux pour faire de Paris ce qu’il est : le deuxième port fluvial d’Europe. Domestiquée sur son cours par le port à l’Anglais dès la fin du siècle dernier, puis par les barrages à clapets ou les écluses de la Marne à Saint Maurice en 1910 : elle présente partout le même visage. A l’exception d’une légère différence de niveau d’étiage entre les ponts de Charenton et de Suresnes, son altitude est quasi constante sur son parcours : autour de 22m. Conséquence : vous ne sentirez pas de différence entre les parages du Gros Caillou et la descente du canal Saint Martin. Vous ne distinguerez pas le bras droit actif de la Seine, celui qui passe devant l’hôtel de ville, l’ancienne grève, et son bras gauche, de l’autre côté de la Cité, qui a toujours posé problème aux bateaux. J’ai entendu parler d’un projet visant à renforcer les écluses afin de rehausser le niveau de l’eau pour permettre aux touristes sur les bateaux mouche de mieux voir les monuments, masqués par les quais ! Il faudra alors remonter le zouave de la même proportion pour perpétuer sa surveillance …

    Port de javel - Haut-Mississippi
    Port de javel - Haut-Mississippi-®Dominique_Lesbros_Parigramme

    Port de Bercy Amont
    Port de Bercy Amont-®Dominique Lesbros Parigramme

    Il fut un temps où la ville vivait du fleuve, son blason reste celui de la puissante corporation des marchands de l’eau de la hanse parisienne : un bateau et une devise : « fluctuat nec mergitur » : il flotte sans couler. Disparus les moulins à eau, les chemins de halage, les bateaux-lavoirs, les lavandières, les blanchisseuses, les processions nautiques, les nageurs dans la seine etc. On a du mal à y croire, mais la darse du fond de Rouvray a servi de piscine olympique vers 1920 ! Plus d’animaux non plus, seuls les poètes voient un lézard vert dans la cité de la mode ! mais les curiosités de manquent pas ! c'est ce que ce livre nous apprend. Aujourd’hui, le parisien s’est éloigné de son fleuve, en grande partie par méconnaissance, il est donc urgent de le redécouvrir par ces promenades au bord de l’eau qui revitalisent les sempiternelles visites de la ville, mettent en perspective de nouveaux décors et renouvèlent nos points de vue. Retrouvons la Seine en dehors du mythe !

    D.L

    Feuilleter le livre : http://www.parigramme.com/livre-paris-promenades-au-bord-de-l-eau-421.htm


    rallye photo
    rallye photo


    Dominique Lesbros, journaliste, est également l’auteur de Découvertes insolites autour de Paris, de Musées insolites de Paris, de Curiosités de Paris et du Monde à Paris, parus chez Parigramme.

    La librairie Le BHV / Marais et les éditions Parigramme vous invitent à participer à un rallye photo, en présence de Dominique Lesbros, auteur du livre Paris, promenades au bord de l’eau. Samedi 10 octobre. Départ de la librairie : 16h.  Durée du rallye photo : 45 mn environ Puis retour à la librairie pour une dédicace. RSVP impérativement     mpaul-boncour@parigramme.fr . Librairie LE BHV / MARAIS   Rue des Archives 75004 Paris 2è étage Espace Librairie.