C’est à la suite de la victoire inespérée de Bonaparte et Desaix à Marengo, le 14 juin 1800 que la France réussit à expulser les Autrichiens d’Italie et mettre indirectement un terme à la guerre qui datait de la Révolution Française en 1792. Une période de calme précaire s’ouvrait. Le prestige de cette victoire est retentissant, permet au corse de terminer la Révolution et de s’assurer le pouvoir. Il s’approprie l’Italie comme butin de guerre pour sa famille et ses sœurs y sont envoyées comme ambassadrices de cœur et d’esprit. En réalité, elles avaient reçu une éducation assez rudimentaire qui choquait bourgeois et aristocrates mais Napoléon comptait sur les liens familiaux de fidélité unissant la famille corse, bien qu’entre-eux les comportements indélicats soient fréquents. Élisa deviendra princesse de Piombino et de Lucques, puis grande-duchesse de Toscane. Pauline épousera le prince romain Borghèse. Quant à Caroline, elle s’installera avec Joachim Murat à Naples : Trois destins italiens.

Les sœurs de Napoléon au sacre de 1804 à Notre-Dame de Paris : de g à d : Caroline Murat, Pauline Borghèse, Elisa Baciocchi, accompagnées d’Hortense de Beauharnais tenant son fils et de Désirée Clary.
Napoléon donnera à Saint-Hélène, où aucune n’était présente, l’idée qu’il se faisait de ses sœurs :
« Ma sœur Elisa était une tête mâle, une âme forte : elle aura montré beaucoup de philosophie dans l’adversité. Caroline est fort habile et très capable. Pauline, la plus belle femme de son temps peut-être, a été et demeurera jusqu’à la fin la meilleure créature vivante. Quant à ma mère, elle est digne de tous les genres de vénération »

dans la conservation de l’esprit français en cette période de grands bouleversements. Cela dit, dans son salon, on y parlait plus de politique ou de beaux militaires que d’art ou de littérature, mais enfin. Napoléon lui donna des fiefs en Toscane, qu’elle essaiera de gouverner à la française c’est-à-dire en levant des impôts et en capturant les biens du clergé, tout en favorisant les idées éclairées de la Révolution, mais se heurtera à une population très sceptique notamment lors de l’enlèvement du Pape par les émissaires de son frère en 1809. Elle sera emportée politiquement par la débâcle de 1814, sans pouvoir y faire grand-chose et restera en Italie puis mourra peu de temps après, de la même maladie semble-t-il que son frère : cancer de l’estomac et un an avant lui (1820), à 43 ans. Elle avait quatre enfants.

se prenait pour une vraie princesse, mais dont les jérémiades fatiguaient
celle qui avait peint Marie-Antoinette.
Caroline et Murat reçurent le prestigieux Royaume de Naples en 1808. Napoléon remerciait ainsi le modeste fils d'aubergiste du Lot devenu un Roi grâce à aux nombreux services peu glorieux rendus à son beau-père : le 13 Vendémiaire, le 18 Brumaire ou l'affaire du duc d'Enghien, mais aussi aux charges de cavalerie prestigieuses et victorieuses comme à Austerlitz. Caroline s'occupait de la décoration des palais royaux, en particulier le Palazzo Reale et s'intéressait beaucoup aux fouilles archéologiques de Pompéi, qu’elle fit avancer en mobilisant l’armée.
Après la déroute, ils trahirent Napoléon pour conserver leur royaume : Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1814, un accord avec l'Autriche fut signé : Murat promettait une armée de 30 000 hommes pour combattre « l’ogre » , mais il n’osa jamais aller jusqu’à attaquer l’armée française. Caroline renoua avec son frère pour essayer de conserver le royaume, devant la menace anglaise, cette fois. À Waterloo, Napoléon refusa la présence de Murat, car cela aurait provoqué un effet détestable sur la troupe, mais il reconnaîtra que son incroyable courage aurait pu être décisif face aux carrés anglais. Il fut fusillé par les Bourbons après un simulacre de procès en 1815 et Alexandre Dumas dira (inventera ?) que Ferdinand de Bourbon conservait sa tête dans un bocal.
Après la défaite, Caroline, qui avait été la maîtresse de Metternich, sera déclarée prisonnière de l’Autriche et y partira avec ses enfants, définitivement et sans revoir personne. Elle eut en 1831 l’autorisation de s’installer à Florence où elle mourut folle en 1839. Elle avait quatre enfants.


D.L
« Les Sœurs de Napoléon. Trois destins italiens » se tient au musée Marmottan à Paris jusqu’au 26 janvier 2014.
http://www.marmottan.fr/fr/prochainement-exposition-2538