Le Château de Chantilly des Racines et des Ailes


Le château de Chantilly consacre sur son domaine plusieurs siècles de tradition de l’art français. Sa mise à disposition du patrimoine relativement récente (1897) font qu’on y trouve à la fois des œuvres d’art rassemblées au hasard comme des souvenirs personnels de la famille célèbre qui l’occupa tout au long de son histoire agitée. Le Duc d’Aumale, le vainqueur d’Alger, qui fut son dernier représentant, l’a cédé à l’Institut avec pour conditions que rien n’y change et que rien ne soit cédé. Une dernière volonté qui lui donne aujourd’hui ce caractère singulier…

Le Château de Chantilly des Racines et des Ailes


L’histoire de ce lieu reste profondément marqué par celui qui pris en main son destin et fit d’un château médiéval un domaine princier : le Grand Condé (1621-1686), le vainqueur de Rocroi, héros national pour avoir été le premier à défaire les tercios espagnols, alors réputés invincibles. Cette victoire époustouflante d’un homme de 22 ans (1643) conduira la France sur la voie du glorieux traité des Pyrénées et à la tranquillité sur sa frontière germanique pendant près de deux siècles. A sa mort, Louis XIV dira de lui : « Je viens de perdre le plus grand homme de mon royaume »
Le Grand Condé reçu par Louis XIV à VersaillesEntre temps, il y eut la Fronde (1651), un épisode pendant lequel il pensa pouvoir jouer sa propre carte et “monsieur le Prince” – il reste une rue à son nom à Paris -  pris le parti d’une révolution parisienne contre le Roi. Une attitude coutumière dans la branche cadette des Bourbons, éternels comploteurs, qui durera jusqu’à Louis-Philippe Ier, le père du Duc d’Aumale. Louis XIV, magnanime, lui pardonnera.

Le 23 Avril 1671, dix ans après la fameuse réception de Vaux-le-Vicomte qui coûta si cher à Nicolas Fouquet, le grand Condé reçoit à son tour Louis XIV à Chantilly pendant trois jours pour le remercier de lui avoir restitué son domaine. Le prince confie l’évènement au même homme qui fut autrefois au service du surintendant des finances, « l’officier de bouche » François Vatel. Réception à nouveau somptueuse, repas, illuminations, chasses que viennent assombrir des contretemps fâcheux, un rôti qui manque, un feu d’artifice masqué par le brouillard, une livraison de marée qui n’arrive pas à temps et ce sont trois coups d’épée que s’inflige le malheureux cuisinier déshonoré. Comme l’écrivit  la marquise de Sévigné, présente ce jour-là : « c’est une chose fâcheuse pour une fête à 50.000 écus ». Aujourd’hui, pour son malheur, la postérité lui refuse même la paternité de la fameuse « crème chantilly » alors que tout le monde pensait qu’il en était l’inventeur : elle était déjà connue à l’époque de Catherine de Médicis, un siècle plus tôt.

Le dernier descendant du Grand Condé sera le jeune duc d’Enghien lâchement assassiné par Savary et Bonaparte dans les fossés de Vincennes en 1804.

Le château de Chantilly (survol)
Des racines et des ailes partie 1
Des racines et des ailes partie 2
Des racines et des ailes partie 3
Des racines et des ailes partie 4
Des racines et des ailes partie 5
Des racines et des ailes partie 6
Des racines et des ailes partie 7
Des racines et des ailes partie 8
Des racines et des ailes partie 9