• Exposition Labrouste à la cité de l’Architecture et du Patrimoine




    Qui était Henri Labrouste ? Un architecte en un mot, un artiste également. On lui doit la bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris, place du Panthéon que vous connaissez peut-être. C’est un lieu impressionnant que connaissent notamment tous les élèves du Quartier Latin. La Cité de Chaillot  consacre cette exposition à son auteur, dont le travail suit les grands courants artistiques du XIXe siècle. Il rénova également la Bibliothèque Nationale Richelieu et participa comme beaucoup de sa génération au débat farouche qui opposait en ce temps les partisans de l’architecture en pierre et ceux qui voyaient l’avenir en fer. Il choisit la nouveauté et la mise en lumière de la structure…

    Alors que beaucoup pensent, comme Charles  Garnier que l’Architecture ne peut avoir d’autre base que la pierre éternelle, Labrouste et d’autres anticipent ce que la révolution industrielle démontre de façon évidente : l’avenir est au fer. Utiliser cette source pour l’élan des nouvelles structures vers le ciel permettra à la fois le retour du mouvement, la pénétration de la lumière et l’épanouissement de l’espace.

    Projet de concours pour le tombeau de l’empereur Napoléon Ier dans l’église des Invalides à Paris, 1841, © RMN-GP (Musée d'Orsay)/Hervé Lewandowski Une conception promise au succès que l’on sait dans l’Art Nouveau. Grand Prix de Rome en 1824 à 23 ans, il enchaîne les projets et les concours, mais peu seront réalisés. Des planches présentées à l’exposition, j’ai noté le cénotaphe à la mémoire de la Pérouse (1829), la restitution imaginaire d’une ville antique (1830) mais surtout son projet proposé pour le concours du tombeau de Napoléon Ier, très élégant.
    Le concours sera remporté par Louis Visconti (1841) à qui Labrouste succéda comme architecte de ce qui ne s’ appelait pas encore la BnF Richelieu mais simplement la Bibliothèque Nationale. Il réédite avec cette construction son exploit de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, quatre ans plus tôt, en construisant une salle de lecture époustouflante qui monte très haut dans le ciel, pour capter une lumière qui fait défaut dans le vieux bâtiment. 1200 m2, 16 colonnes en fonte hautes de 10m, mais de 30cm seulement de diamètre et surtout neuf coupoles percées d’ oculus (oeil-de-boeuf) et constituées de panneaux de faïence émaillées.

    Salle de lecture de la bibliothèque Sainte-GenevièveUne vraie merveille qui tranche radicalement avec la façade sinistre visible le long de la rue de Richelieu. De la construction de Labrouste émane également une certaine poésie puisée dans sa passion de l’Archéologie ou sa connaissance du mythe Antique et de la Renaissance. Elle s’exprime avec les matériaux nouveaux et dans le langage de son temps. Dans le décor, dans le détail et l’apparence mais elle révèle au néophyte que l’homme fut bien davantage que, simplement : « l’architecte des bibliothèques » de cette époque, friande de savoirs, fidèle au modèle Classique et confiante dans l’éternel progrès de la Science et de la Technologie.



    Cité de l’Architecture et du patrimoine 1, place du Trocadéro
    75016 Paris.

    Lundi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 11h à 19h. Nocturne le jeudi de 11h à 21h. Fermé le 25 décembre. Jusqu’au 7 Janvier.
    http://www.citechaillot.fr/fr/