Sous le ciel de Paris s’envole une chanson


Il était une fois un film de julien Duvivier, sorti en 1951. Il racontait une journée dans la vie de parisiens qui se croisaient dans un tourbillon d’historiettes et dont la capitale servait de décor. Étienne Lambolle, le pêcheur à la ligne (à l’époque on se baignait et on pêchait encore dans la Seine), l'ambitieuse Denise, jeune provinciale avide de conquérir Paris, la sage étudiante Marie-Thérèse qui pose pour des revues de mode, mais refuse les avances de son patron, l’ouvrier en grève, la demoiselle qui nourrit les chats abandonnés…


Dans un ton à la fois gai, lyrique, humoristique et poétique,  un style avant-gardiste, proche de ce que sera le style Lelouch, orné de petites saynètes illustrant les endroits les plus touristiques de la ville lumière. Chaque séquence est un petit film. La technique fut reprise très souvent depuis et avec succès, mais le public d’alors fut dérouté par ces innovations et une construction trop originale pour l’époque, le film n’est pas resté à la postérité. Une chanson de ce film, par contre, est devenue, elle, un vrai tube : Sous le ciel de Paris.

C’est une chanson écrite par Jean Dréjac et Hubert Giraud. Jean Dréjac est l’auteur des paroles du petit vin blanc et fut extrêmement populaire dans les années 1940 et 1950 en écrivant des chansons pour Piaf, Chevalier, Patachou, Aznavour, Mireille Mathieu ou Reggiani, il fut aussi un grand ami de Michel Legrand et président de la SACEM. Hubert Giraud, pour sa part, fut le créateur de cette belle mélodie ainsi que de beaucoup d’autres notamment pour Nicole Croisille (Parlez-moi de lui) ou Nicoletta (Mamy Blue).

La chanson ne sera pas rendue célèbre par le chanteur du film de Duvivier, Jean Bretonniere, mais par de nombreuses voix dont Yves Montand, Edith Piaf et Mireille Mathieu, et surtout la dame de Saint-Germain-des-Prés : Juliette Greco. Jugez-vous même.

Celle qui vient de fêter ses 85 ans (!) en février sur la scène du Châtelet fut une merveilleuse interprète de ce morceau de poésie. Quoi de plus normal pour cette artiste qui incarna si souvent l’esprit léger et mystérieux des deux rives :
“Je suis heureuse et fière d'appartenir à la plus belle ville du monde. J'aime sa manière d'être, indécente, offerte, secrète." 
Toute une existence qu'elle raconte aujourd'hui dans une autobiographie : Je suis faite comme ça chez Flammarion : "Ma vie est matière à plusieurs romans, s'amuse-t-elle. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi ce destin hors normes était tombé sur moi."
Juliette Gréco chante “Sous le ciel de Paris” (Dréjac/Giraud) - 1962