King’s speech (Discours d’un roi) de Tom Hooper

Discours d'un roi de Tom HooperDécidément, la 7ième symphonie de Beethoven est à l’honneur en ce moment. Après “Des hommes et des dieux”, cette musique enveloppe le discours du roi d’Angleterre Georges VI (Bertie) lors de son intervention radiophonique de 1939 qui suit l’entrée en guerre de son pays.

C’est surement l’instant fort de ce film de Tom Hooper.
Mais un autre choix serait possible, tant les moments d’émotions sont nombreux. Il y a comme du Shakespeare dans ce scénario finement travaillé autour des deux personnages que sont ce pauvre Bertie, bègue, et son orthophoniste improbable : Logue.

La gamme des sentiments s’anime sur une scène d’évènements variés, mais c’est surtout beaucoup de compassion et d’amitié qui se tissent sur fond de circonstances dramatiques et de périls dont tout le monde devine l’abîme en devenir. Individu en proie à une résonnance vivace de son enfance et d’un entourage écrasé par le poids d’une Angleterre encore maitresse du monde, il tente de vaincre son émotion qui se manifeste par un manque d’assurance maladif et un bégaiement qui met mal à l’aise. Jusqu’au bout cette souffrance sera présente et ressentie par son entourage.

Il y a de l’humanité dans cette famille, loin de l’image traditionnelle de la monarchie anglaise engoncée.
Il y a aussi une destinée fatale vers laquelle glisse l’histoire. Fatalisme  de son handicap, fatalisme de ce frère qui fait défaut à un moment historique, pour une femme, Wallis Simpson, américaine, roturière et deux fois divorcée, maudite par l’aristocratie anglaise pour avoir détourné le roi Edouard VIII de son devoir. Il renonce au trône, ce sont les années folles et Bertie devient roi sous le nom de Georges VI.

Dès cet instant radiophonique, celui qui était la coqueluche des jeunes anglaises par sa jolie figure, dont on collectionnait les photos, qui chassait le renard ou la grouse, jouait au polo, au golf, voyageait comme un seigneur dans son empire ou dansait dans les boites du West End, celui là s’efface. Bertie reste seul avec sa famille et l’Angleterre hérite d’un roi à son modèle, celui de l’éternelle Albion. Moraliste ? certainement. Voguant entre son luxueux appartement du Boulevard Suchet et le Waldorf Astoria de New-York, il laisse à son frère la charge redoutable de conduire le pays dans la  guerre la plus terrible de tous les temps.
C’est l’importance du média qui s’annonce, le film nous en fait découvrir parfaitement la nouveauté et la fascination. Edouard abdique à la BBC et Bertie souffre merveilleusement à ce même exercice. Au même moment, Hitler est la vedette d’un show wagnérien et apocalyptique à Nuremberg. Ces trois moments du film resteront gravés dans la mémoire de ceux qui ont vu ce film exceptionnel. La radiodiffusion est devenue incontournable pour tout pouvoir.