• Exposition “Paris Avant et Après” à l’académie d’Architecture

    Marville 1865Patrice de Moncan nous présente à l’académie d’Architecture une collection de photos prises par Charles Marville en 1865 en face-à-face de photos actuelles des mêmes lieux.

    L’endroit est bien choisi, avec sa belle vue sur la place des Vosges. C’est l’ancien Hôtel de Chaulnes, dans lequel logea Louis XIII lors de l’inauguration de la place Royale en 1612.

    L’exposition met en relief le bouleversement de Paris par Haussmann à travers une petite sélection des 425 clichés qui furent rassemblés pour l’exposition de 1878 afin d’illustrer l’ampleur du travail accompli  : Les percées produisirent 34.000 immeubles, 320.000 appartements, 600.000 arbres, 600 km d’égouts et de canalisations, les parcs des Buttes-Chaumont, Monceau et Montsouris, le décor du bois de Boulogne et du bois de Vincennes, 27 squares,  32.000 candélabres. Les nouvelles rues et les nouveaux boulevards donnent à Paris le visage qu’on lui connait aujourd’hui : monumental et aéré, paré de trottoirs.

    Le Paris du Moyen-âge disparut alors, celui d’Eugène Sue, de Baudelaire,… Beaucoup le regrettèrent.Un Paris pourtant insalubre, sombre, surpeuplé et assez misérable.

    Lors de cette visite , Comment ne pas songer à Victor Hugo qui habitait à deux pas d’ici ? Hugo s'exile après le coup d'État du 2 décembre 1851. Il reviendra à Paris en Septembre 1870. Entre-temps , tout a changé, ou presque, et l’ile de la cité particulièrement éventrée  : l’Hôtel-Dieu déplacé et une place d’arme immense devant Notre-Dame de Paris ! En 1832, il écrivait dans la revue des deux mondes :

    “A Paris, Le vandalisme florit et prospère sous nos yeux. Le vandalisme est architecte. Le vandalisme se carre et se prélasse. Le vandalisme est fêté, applaudi, encouragé, admiré, caressé, protégé, consulté, subventionné, défrayé, naturalisé. Le vandalisme est entrepreneur de travaux pour le compte du gouvernement,….” Guerre aux démolisseurs - mars 1832 - p614

    Il  imaginait, déjà, les bouleversements à venir.

    “Le vieux Paris n'est plus qu'une rue éternelle
    Qui s'étire élégante et droite comme un I
    En disant : Rivoli, Rivoli, Rivoli”

    L’agencement de ces photos est vraiment surprenant. On est frappé par ces rues tortueuses, pavées avec rigole au centre, ces bornes charretières (elles protégeaient les maisons des charrettes). Tout cela transformé en rues droites, avec bitume et bites anti-stationnement. Les photos les plus saisissantes sont, à mes yeux, ces endroits presque méconnaissables : les abords du Conservatoire des Arts et Métiers, la montée de la rue Saint Jacques , la place d’enfer avant Rochereau , le quartier Saint Marcel surtout..…., auxquels  on peut ajouter des édifices disparus : l’ancien Hôtel-Dieu devant le Petit-Pont, l’enceinte Philippe Auguste dans la rue Soufflot, la halle de la place Maubert où se trouve aujourd’hui le musée de la Police Nationale, la Bièvre et ses tanneries.

    Bref, à voir in situ, tout ça est vraiment stupéfiant pour le visiteur et le livre, qui en fait la synthèse par arrondissement, un régal (452 pages).

    On peut regretter que l’exposition ne présente que 50 des 380 clichés du livre (en examen libre dans la salle, toutefois).

       

               

                   Source Diaporama : Mairie de Paris

    Voir aussi : A quoi ressemblait le Paris d'avant Haussmann ?  http://bit.ly/gpqjUI

    « Paris, Avant-Après »
    Du 4 au 24 février 2011 À l’Académie d’Architecture tous les jours, de 11h à 19h. Entrée gratuite (sponsor BNP paribas realestate)