• 4 - L'été de la Saint Martin

    La Sainte Trinité. Le père, Le fils, Le Saint-Esprit
    La Sainte Trinité. Le père, Le fils, Le Saint-Esprit


    Dioclétien (305) a sauvé l'empire et c'est l'auteur de la dernière grande persécution contre les chrétiens. Le grand problème du moment est la question religieuse, de la vraie nature des dieux et de son intelligibilité. Ce siècle sera celui de la christianisation de la Gaule et de son rapport avec l'empereur-dieu.

    Le débat flambe entre les héritiers de la pensée grecque philosophique, polythéiste et solaire, les chrétiens catholiques (le christ est dieu, l’Église a la primauté sur le pouvoir séculaire) et les chrétiens ariens (le christ est un homme envoyé par un Dieu unique, l’Église est dirigée par les gouvernants) .
    De controverses en conciles, on trouve avec la Trinité un compromis et une organisation qui va avec : l’Église, en accord avec le nouveau pouvoir, qui n'est plus à Rome, mais à Constantinople (324) plus facile à défendre et plus proche des richesses de l'orient. En rupture avec Dioclétien, Constantin (306) sera le premier empereur romain à se convertir au christianisme et construira la nouvelle capitale.

    La défiance envers les anciens dieux est telle qu'un seul devient suffisant et économiquement plus rentable en supprimant le coût des temples et récupérant l'or à l'intérieur. En 315, par la pseudo-donation, il attribue au pape Sylvestre 1er la primauté intellectuelle sur les Églises d’Orient et l’Impérium civil sur l’Occident. Le pape devient le souverain pontife (pontifex maximus) et bénéficie de l'évergétisme de Constantin.

    Plus tard, Constance II vit dans la soie et se teint les cheveux au henné alors que son successeur : Julien (361) revient à la philosophie polythéiste. De plus, de nombreux germains romanisés de l'administration ou de l'armée sont ariens, hérésie pourtant condamnée par le concile de Nicée en 325. Après plusieurs mois au cours desquels les évêques ne parvinrent pas à se mettre d'accord sur un texte décidant de la nature de la relation du Christ au Père, l'empereur menace les quatorze récalcitrants.
    Trois restent fidèles à leurs conceptions, dont Arius et sont excommuniés. le christianisme se sépare du judaïsme trop visible dans le dogme, en fixant une date différente pour la fête de Pâques.

    Wulfila, un Grec,  traduit la Bible en gothique (dont il inventa l'alphabet) et évangélisa les goths dans une version arienne.
    En 354, le pape fixe la naissance du Christ au 25 décembre en remplacement des Saturnales romaines et de la fête du soleil vainqueur (sol invictus) que les anciens avaient coutume de consacrer au retour du soleil après le solstice d'hiver. Le "sol" devient une monnaie.


    Paris avait-il sa préférence ? Julien l’apostat s’y installe en 358 pour défendre les frontières, mais un concile y condamne l’arianisme en 360, l’année même où Saint Martin, ancien soldat romain, fonde le premier monastère à  Ligugé (près de Poitiers) et Saint Hilaire rentre d’Asie.


    Empereur Julien l'apostat
    Empereur Julien l'apostat

     

    À la suite de la catastrophique défaite de Valens à Andrinople (378) face aux Goths , Théodose  élève le christianisme au rang de seule religion officielle et obligatoire par l’Édit de 380 et favorise la persécution des anciennes croyances romaine (bibliothèques, statues, rites, jeux., philosophies..). Il condamna aussi l'arianisme en 381. À sa mort, l’empire est à nouveau divisé en 395, définitivement cette fois. De sa descendance naîtra la famille impériale byzantine.

    Tous les peuples doivent se rallier à la foi transmise aux Romains par l’apôtre Pierre, celle que reconnaissent Damase et Pierre d'Alexandrie, c’est-à-dire la Sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. 

     

    Consultez le livre noir de l’antiquité tardive de P.Athanassiadi : comment passe-t-on d’un Empire multiconfessionnel et décentralisé, reconnaissant à chaque cité le droit d’honorer ses dieux, à un régime théocratique et centralisé, dans lequel le pouvoir politique s’appuie sur une monodoxie, c’est-à-dire une idéologie religieuse unique, imposée par l’Etat à l’ensemble des habitants de l’Empire ? L'enjeu est bien sûr l'unité de civilisation


    Théodose le Grand est au cœur des tourmentes religieuses du IVe siècle : Pierre Maraval réhabilite un empereur entre païens, barbares et chrétiens . Le film "Agora" donne un bon aperçu de ce que fut la lutte entre les parties en présence.

     

    Chronologie parisienne
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    Vers 308 : Construction d’un rempart autour de l’île de la Cité afin de la protéger des envahisseurs germains.
    350. Construction d'une basilique dédiée à Saint-Étienne dans l’île de la Cité.
    360 : Julien est proclamé Auguste par ses légions gauloises dans la ville, base arrière des troupes de Germanie. Julien veut restaurer le panthéon antique.
    360 : Concile à Paris contre l’hérésie arienne.
    365 : Séjour à Lutèce de l'empereur Valentinien, en route vers la Germanie
    383 : Bataille de Lutèce entre les partis militaires de Maximus et Gratien
    385 : Passage à Lutèce de Saint Martin qui guérit un lépreux à la porte Nord de la cité par un simple baiser et une bénédiction.
    397. « été de Saint-Martin » du 8 au 11 novembre : « les roses refleurissent »